Récif

documentary, 10’, 35, France, 2017



Trois paroles, à flanc d’une infinité de briques. Elles ont différent âges. Elles se sont formées au cours d'entretiens réalisés avec les habitants du lieu. "Que voyez-vous quand vous êtes à la fenêtre ?" Ils regardent vers la couleur, vers le point où la route commence, à l’endroit de la soif, dans le désert et sur la mer. Par trois fois, la route a heurté ce récif architectural, paradigme d’une modernité radieuse aussitôt radiée, qu’on appelle barre d’habitation.

Three voices, flanking an infinity of bricks. Their ages are different. They shaped themselves throughout a series of interviews led with the inhabitants. "What do you see when you stand at the window?" They gaze toward color, where the road begins – a place of thirst –, in the desert or in the sea. Three times has the road hit that architectural reef, the paradigm of some modernity – once radiant, soon written off – referred to as a housing block.


///

“À mesure que la caméra balaie la barre d’immeuble de Récif – le film d’Assia Piqueras –, une révélation avance vers nous : le mur et le ciel sont une même chose. Il ne s’agit pas pour autant de transpercer la muraille, ni même de traverser théologiquement l’écran, mais plus simplement (cette simplicité est une montagne) – avec la clarté pudique du poème – de voir dans la façade un ciel, celui-là même qui déborde à droite et à gauche de l’écran. Voici qu’on assiste à une révélation si fragile que l’effacement dont elle est l’objet est sa plus sûre garantie : l’expérience spirituelle n’existe que parce qu’elle rend l’invisible vivant. Pour moi, c’est clair, l’horizon de toute l’histoire de la poésie est ici mis en jeu avec presque rien.”

“As the camera sweeps over the housing block in Récif – the film by Assia Piqueras –, a revelation moves towards us: the wall and the sky are the same thing. The point, even so, is not to pass through the wall, or even to theologically cross the screen, but more simply (and this simplicity is a mountain), with the modest clarity of the poem, to see in the façade a sky, the very sky that spills over to the right and left of the screen. Now we are witnessing a revelation so fragile that the erasure of which it is the object is its greatest guarantee: spiritual experience exists only because it makes the invisible alive. For me, it’s clear: the horizon of the entire history of poetry is here put into play with almost nothing.”

Yannick Haenel, from Panorama 19 – Novel, 2017


Article by Louise Vanoni, Beaux Arts Magazine, septembre 2019



avec
Madani Bekkouche
Lamine Diallo
Maissa Mansour

réalisation, écriture et montage
Assia Piqueras

production
Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains


coréalisation des entretiens
Camille Martin


directrice de la photographie
Alexandra Sabathé


ingénieur du son
Jérôme Petit


régie
Thomas Guillot


musique
Adam Bernadac


montage son
Jérôme Petit


mixage
Simon Apostolou


étalonnage
Baptiste Evrard




2019
Broadcast on Beaux Arts Magazine
Festival La Chambre verte, curated by Géraldine Gomez, Auteuil, France

2017
Panorama 19, curated by Jean de Loisy, Le Fresnoy, Tourcoing, France